Ce soir, c'est un soir sans...
J'ai passé toute la soirée à pleurer... Un torrent, une cascade...
J'étais là, sur mon pc, je voyais une dizaine de fenêtres msn clignoter... Toutes me demandaient où j'étais, et pourquoi je ne répondais pas, et si ça allait... Je suis là, je pleure juste sous vos yeux, vous ne me voyez pas ? Je ne réponds pas, parce que je n'en peux plus, de tout ce monde qui veut absolument faire partie intégrante de ma vie ! Tous, là, ils veulent "être importants pour moi", ils la recclament, leur importance, alors que tous l'ont déjà... Mais ils en veulent plus, trop, je n'en peux plus !!! Qu'est-ce que je peux leur offrir d'autre que ce que je suis ?
Envie de m'enfuir, devant ce spectacle clignotant...
Et pourtant... S'ils ont besoin de moi, j'ai besoin d'eux... D'eux tous... Ils sont importants pour moi... Mais moi, je ne leur suffit pas... Ou du moins, ce que je leur laisse de moi... Pourquoi, toujours plus... Pourquoi ne me laissez-vous pas une petite part de moi-même...

Mes pensées ont été confuses toute la soirée... En revenant de Paris, avec Pascale, dans le bus, il y avait un couple, avec deux petites filles... La plus âgée, était tout devant, debout, avec son père, qui parlait au chauffeur... Elle faisait face à la route... Elle se laissait porter... Et je me revoyais, une dizaine d'années plus tôt, dans la même position, mon papa derrière moi, ma maman au fond du bus avec mon frère... Moi, tout devant, me laissant porter... Une sensation de légèreté immense, et... Je "bénissais" mon papa, de me faire vivre ça, de me permettre de rester debout à ses côtés... C'était... C'était comme de la magie... je me sentais grande...
Je n'ai plus ressenti cette grandeur depuis longtemps... Je me sens de plus en plus médiocre... Pas que je déteste l'idée d'être un grain de sable parmi les grains de sable... Mais je suis une jeune fille qui a toute une vie devant elle, et rien à mettre à l'intérieur... Pas un brin d'ambition, juste l'envie d'être heureuse... Alors, en attendant, je ris, parce que mon rire, c'est tout ce qui me reste, pour avoir un peu chaud...

Et puis... Ce soir, ça sentait l'hiver... Les feux arrières des voitures me faisaient penser aux guirlandes électriques... Envie de feu de cheminée, de café chaud, de l'odeur du sapin... De croire encore aux miracles, une fois de plus, cette année... De croire que je vais passer un "bon et joyeux Noël"... Je me rend compte que ma mère me manque... Et que j'aimerais que les Noël soient comme avant... Que la famille vienne...
Au lieu de ça... Je suppose que je vais devoir aller le passer chez ma mère, dans sa nouvelle maison, avec son nouvel homme, son nouveau chien... Et laisser mon père... Passer Noël, seul ici...
On ne devrait jamais, avoir à laisser ses enfants, choisir lequel du père ou de la mère, sera seul à cette occasion...
Plus ça va, et moins je me rappelle de mes rêves de gosse... J'voulais être pilote de chasse, oui... Mais aujourd'hui, à quoi je rêve ? Je n'espère rien... Je continue d'avancer, en me disant que tant je suis toujours en vie, et que je ris, alors c'est le principal... Qu'après tout, des erreurs, je peux en faire autant que je veux, que je serais toujours fidèle à moi-même... Mais où ça va me mener, ça, d'aller au pif, comme ça !
Envie de me poser quelque part... Y a peut-être encore une chaise de libre, quelque part, qui n'attend que moi... Est-ce qu'il faut que je parte, que j'aille voir ailleurs, pour la trouver ? Est-ce que je suis du bon côté ? est-ce que je cherche seulement dans la bonne salle ?

Ne plus penser... Partir, aller voir la Seine, regarder l'eau pendant des heures, et rentrer par le premier métro...
Et dormir...
Enfin...